Je l' avais aperçu qui miroitait sur la droite de la piste, quand je longeais le grand étang.
Me voilà donc repartie sur le chemin, au début de la boucle.
Les étangs de la Barreyre sont donc quatre, et non trois. Comme les mousquetaires du roi.
Pourquoi cet oubli du quatrième ? Est-ce sa modeste dimension qui a suscité le snobisme des trois autres ? Sa petitesse désordonnée a t' elle entraîné le dédain ?
Soudain, un étrange personnage se dresse, l' air sévère, devant moi.
" Où vas-tu à cette heure-ci ? " me dit'il d' un ton peu amène.
" Je viens voir ce petit étang ", dis-je, un peu interloquée quand même.
" Et pourquoi t' intéresse t' il ?
" Parce que, me semble t' il, on l' a oublié; je trouve cela injuste car il est plein de charme, et.......peut-être y a t' il un charme, puisque tu es là ! ".
" Je suis le gardien de cet étang. Est-ce que tu crois aux Fées ? Et à l' existence du Petit Peuple ?".
" Mais oui, bien sûr " dis-je, sincère.
" Alors, reste jusqu' à ce que la nuit tombe, et je te permettrai de voir ".
Je ne posais plus de questions et décidais d' attendre; il n' y en avais plus pour très longtemps. Et.....je fus récompensée. Une jeune ondine habitait cet étang, et, tous les soirs, quand les humains étaient partis, elle sortait un peu pour respirer l' odeur de la forêt.
Je restais cachée et n' osais bouger pour ne pas l' effrayer. D' ailleurs, j" étais surveillée de prés.
Elle resta un moment à humer l' air, et batifoler dans l' eau, puis, après un signe de connivence amicale avec le gardien, elle plongea et disparut à ma vue.
Il ne restait plus, à la surface du petit étang oublié, que des plantes aquatiques qui devaient soustraire son palais aux regards trop curieux
Après avoir remercié le vieux gardien, je lui souhaitais bonne nuit, et, rentrais à la maison, enchantée de ma curiosité.