La nostalgie, parfois, frappe avec la soudaineté d'un virus. Il lui suffit de peu, même quelquefois rien. Là, il y a eu ce petit album gris caché au fond d'une bibliothèque où ce n'était pas lui que je cherchais.
J'y trouvais trois photos. aussitôt, j'ai reconnu l'endroit, non loin de Vannes, sur le rivage de la Petite Mer, où mon ami et moi aimions nous promener..........dans les temps heureux, déjà anciens.
Mor-Bihan est la traduction bretonne de Petite Mer, mais peut-être devrais-je le dire à l'envers, car les Bretons sont chatouilleux. Et ils ont raison. Le Morbihan est le seul département français dont le nom ne soit pas issu de la langue française.
Pour les gourmands, c'est la terre des crêpes et galettes et du délicieux kouign-amann.
Je m'étais un jour disputée avec le fils du confrère que je remplaçais, qui me soutenait que les Bretons avaient inventé les crêpes. Je lui rétorquais que c'était une recette très ancienne remontant à sept mille ans avant J.C. et connue des anciens Egyptiens. D'ailleurs, le sarrasin avait été ramené au XIIIème siècle par les Croisés. Il était furieux et j'avais bien rigolé.
Le Morbihan est terre des fées et des korrigans. Une légende dit que la Petite Mer est née des larmes des fées qui avaient été chassées de Brocéliande.
Désespérées, elles avaient jeté à la mer ainsi formée, leurs couronnes de fleurs. Celles-ci seraient à l'origine des trois cent soixante cinq îles éparpillées dans le golfe.
Est-ce cette origine magique qui donne aux abords de cette Petite Mer une beauté particulière ?
Au cours de nos promenades, je cherchais, sans le dire, les traces des sabots menus des korrigans, et rêvais d'aller les voir danser autour des menhirs.
Mais c'était dangereux; les korrigans, ou petits nains en français, peuvent être malveillants, et ils tentent parfois d'ensorceler les Humains; et si par malheur l'un d'entre eux entre dans la danse, il sera emmené dans le monde souterrain où les korrigans vengent les morts des sévices des vivants.
On dit qu'ils sont alchimistes et que de là vient leur grande richesse......et leur grande avarice !
Alors, je me contentais de goûter le plaisir de la balade et d'admirer les rivages de la Petite Mer, alors que le ciel rosissait déjà délicatement vers l'occident, et que nous allions faire bientôt demi-tour pour rejoindre notre restaurant afghan favori.