Quel est ce frisson qui vient agiter mes membres fantômes, au fond de ce tombeau où je dors depuis si longtemps déjà ?
Réveille-toi, me souffle une voix impérative, as-tu oublié la date ? C'est celle du centenaire du jour qui avait mis fin à cette Grande Guerre, qui, pendant quatre longues années t'avait éloigné de ceux que tu aimais.
Rappelle-toi :
Tout avait commencé par cette campagne qui faisait appel aux patriotes, et vous étiez partis, toi et ton cousin.
Tous les ans, chaque onze novembre, vous vous réveillez et vous allez saluer cet inconnu, ce frère, qui dort sous l'Arc de Triomphe à Paris. Mais, voilà que cette année, sacrée entre toutes, car c'est celle du centenaire, il semble que les choses aient un peu changé.
Ce ne sera pas la glorification de cette armée française qui avait si vaillamment combattu et vaincu, elle ne défilera pas sur les Champs Elysées pour honorer le souvenir de ses glorieux ancêtres de cette Grande Guerre qui devait être la dernière. Pour, quelle honte, ne pas déplaire à l'ennemi d'hier.
Car, ainsi en a décidé celui qui, ignorant tout de la chose militaire, n'en est pas moins le chef suprême des armées, qu'il ne cesse par ailleurs, d'humilier.
Alors, arrive cette lettre d'outre-tombe :
" Non, Monsieur le Président, nous n'étions pas des civils déguisés en militaires et que l'on avait armés. Nous étions des Hommes de ce pays devenus des guerriers qui se battaient pour défendre la Patrie, mot dont apparemment le sens s'est perdu.
Non, Monsieur le Président, vous ne nous ferez pas sortir de l' Histoire, car, avait dit Clémenceau : " Les Français que nous fûmes obligés de jeter dans la bataille ont des droits sur nous..." et au nom de ce droit, nous serons là malgré vous, et peut-être sentirez-vous un frisson vous traverser, quand notre armée sortie de l'ombre, défilera, invisible, au nom de la gloire et de l'honneur.
Alors, Monsieur le Président, vous qui pensez pouvoir les laisser dans le néant, écoutez ce que disait Charles Péguy : " L'honneur consiste à ne pas oublier que nos morts nous regardent..."
Et en vous regardant, que pensent-ils aujourd'hui, en ce jour du centenaire de celui qui marqua la fin de leurs souffrances ? ".
( En souvenir de mon Grand-Père).