voyage cambodge
Avant-hier, c' était encore l' été, et hier, brutalement, l' hiver s' est abattu sur nous, sans prévenir et alors que ce n' est vraiment pas le moment. je n' ai pas le souvenir d' un froid pareil à cette période de l' année, où normalement nous prenons encore nos déjeuners dehors pendant au moins deux semaines.
Et l' oranger du Mexique qui est justement en train de nous offrir sa quatrième floraison de l' année !
Cela m' incite à aller faire un tour au jardin, pour voir comment se portent les dernières fleurs de l' été. A peine étais-je sortie sous ce soleil glacé, que j' ai entendu leurs plaintes; certaines même, pleuraient. Tels ces bégonias-dragon et ces géraniums blancs.
" Le temps est bien cruel cette année " disaient' ils; et pourtant, les fleurs luttaient vaillamment pour garder la tête haute et l' éclat de leurs couleurs.
Mais, elles avaient perdu leurs odeurs; déjà, une flétrissure se devinait sur le bord des pétales de dipladénias.
Un dahlia baissait tristement la tête; il avait compris que l' heure était proche où le monde se ternirait autour de lui.
Des cosmos, qui se dressaient toujours avec grâce, semblaient inconscients du danger, malgré les avertissements d' un zinnia plus âgé et expérimenté qu' eux.
Ne doutant de rien, certaines présomptueuses, se prenaient pour des soleils et prétendaient pouvoir réchauffer l' atmosphère.
Les entendant se vanter, la vieille capucine, déjà bien malade, hochait la tête avec chagrin.
Elle écoutait cette jeune verveine inconsciente, fière d' une jeunesse qu' elle croyait éternelle, se vanter de pouvoir résister à tout.
Le dahlia rose, comme son frère blanc, semblait s' abandonner à son funeste destin.
Blottis au pied d' un acacia, les impatiens poursuivaient une conversation insouciante,
et, ils n' étaient pas les seuls, les amarantes bavardaient sans se soucier de rien.
Ce cosmos solitaire avait déjà perdu ses amis.
Levant les yeux vers le ciel, alertée par un subtil changement de lumière, je vis arriver un nuage, faisant dans le ciel une tâche grise que le soleil couchant rougissait peu à peu.
Bon ou mauvais présage ? Je rentrais alors, triste pour ces pauvres fleurs qui allaient affronter une inattendue et si précoce nuit hivernale.