Je viens de lire " Ce que le jour doit à la nuit " de Yasmina Khadra ", et ce livre m'a ramenée au début des années soixante en Algérie.
J'étais alors en troisième année de médecine et, j'étais partie faire un stage de trois mois dans un hôpital un peu particulier, à Beni Messous, à une dizaine de kilomètres au sud d'Alger. En effet, on y soignait des prisonniers fellaghas. Le chef de service était une hongroise : Dr Ella Farkas.
Je logeais, bien sûr, à l'internat de l'hôpital, avec deux autres internes plus âgés que moi de trois ou quatre ans. Ils étaient de " vrais " internes , ayant passé le concours, moi....trop jeune dans les études, je n'étais que....FFI...c'est-à-dire : faisant fonction d'interne.
Je me souviens que l'hôpital était construit près d'un ravin où se trouvait une mechta dans laquelle il m'était interdit de descendre, car trop dangereux. Evidemment, je n'ai pas obéi, et à mi-trajet, les cailloux ont commencé à pleuvoir sur moi, et j'ai du rebrousser chemin.
Des noms refont surface : Chéragas, la forêt de Baïnem, la Bouzaréah.....
Et puis un jour, l'occasion s'est présentée, je ne sais plus comment, d'aller faire une virée dans le sud avec des militaires. Nous étions cinq ou six garçons et filles de Métropole embarqués dans cette expédition. On se déplaçait en GMC, avec une auto-mitrailleuse qui nous escortait de près.
Penché au-dessus de la cabine, le capitaine scrutait les alentours avec attention, une embuscade n'étant pas à exclure. Nous avions même appris à sauter d'un camion en marche. Nous étions dans le territoire des Ouled Naïls
Pour cette aventure, il fallait l'autorisation des parents si on était mineur. On était en juillet, je le deviendrais en septembre, alors, pour la première et unique fois de ma vie....j'ai imité la signature de mon père.
Nous faisions une petite escale à El Hamel, sorte de ville sainte,
Et là.....Deux militaires français nous proposent d'emmener deux ou trois d'entre nous, vers un endroit où l'on pouvait se baigner : le Moulin Ferrero.
Ni une ni deux, un camarade et moi nous précipitons et embarquons avec eux, ignorant les mises en garde anticipant le courroux du capitaine. Nous nous sommes baignés avec délice. Un des soldats m'avait prêté son short, j'y flottais et il gonflait comme un ballon à chaque plongeon.
On s'amusait bien jusqu'à...........l'arrivée d'une jeep suivie d'un camion empli de moghaznis, et un capitaine dans une colère noire, nos empoignant manu militari (évidemment), et c'est comme ça que nous avons tous passé une nuit au trou dès notre retour à Bou Saada.
J'avais quand même bien rigolé !!!!