Plusieurs lunes étaient passées depuis que le jeune prince, dernier fils du sultan, avait quitté le
palais fleuri de son enfance. Peu à peu, son souvenir devenait flou, comme un mirage tremblant dans l' air torride du désert.
Il était parti, sur son méhari blanc, le coeur plein d' espoir, prêt à tout affronter pour gagner celui de la
belle et cruelle Aïcha, fille d' un sultan voisin.
Il l' avait aperçue, parmi les amies invitées par l' épouse de son frère aîné, lors de leur mariage, et,
depuis, il en était follement amoureux. Aïcha avait un joli visage, mais une âme perfide et cruelle.
" Si tu trouves le légendaire Palais des Sables, et m' en rapporte un cadeau inconnu et extraordinaire, je t'
autoriserais à me faire la cour " lui avait' elle dit avec sa coquetterie habituelle.
Il était donc parti vers le désert brûlant. Depuis longtemps déjà, il avait laissé derrière lui le dernier
point d' eau.
Pour ménager son méhari, il marchait de plus en plus souvent, et de plus en plus souvent, par une nuit opaque
et sans lune.
Le désert déroulait devant lui son immensité morne; la chaleur intense du jour succédant au froid, parfois
glacial, de la nuit saharienne, l' épuisait peu à peu.
Puis, son méhari mourut, vaincu par l' absence d' eau. Alors, il marcha, encore et encore;
Une terrible tempête de sable se leva, lui cinglant méchamment le visage, et, à son tour, il tomba,
délirant.
C' est alors que se matérialisa devant lui, dans l' air saturé de chaleur, une jeune fille, belle et
souriante, qui, sans dire un mot, déposa près de lui, une gourde d' eau fraîche. Puis, elle disparut.
Il avait sombré dans un sommeil comateux.
Quand il se réveilla, émerveillé, il trouva la gourde, mais, il l' ouvrit avec maladresse, et quelques
précieuses gouttes tombèrent sur le sable. Avec surprise, il vit qu' à son contact, elles se mirent à durcir et prendre une jolie forme.
Il fit encore tomber quelques gouttes, et le miracle se reproduisit.
Ragaillardi, il reprit sa route à la recherche du Palais des Sables. Bientôt, une oasis apparut devant
lui.
Et, enfin, une magnifique porte bleue.
Il avait trouvé le Palais des Sables.
Alors, allez-vous dire " il va pouvoir faire la cour à la belle Aïcha ! ".
Eh bien, non !. Quand il rentra dans le palais, une silhouette vint vers lui, et il sut que c' était la bonne
fée qui lui avait laissé la gourde d' eau fraîche.
" Qu' apporte- tu lui ? " lui dit' elle,
" Ceci ", et il lui montra ce que les gouttes d' eau avaient fait en tombant.
" Qu' est-ce donc ? " lui demanda t' elle, curieuse,
" Une rose des sables, elle est pour toi ", répondit' il.
Le souvenir de la cruelle Aïcha fut alors instantanément effacé de sa mémoire. Il épousa la belle inconnue.
Ils furent heureux, vécurent très longtemps, et eurent beaucoup d' enfants qui jouèrent à fabriquer des roses des sables dans le désert.