Il s' appelait Hanus Hachenburg. Il avait treize ans,
Et se trouvait en mille neuf cent quarante trois au camp de concentration de Terezin, en, ce qui était encore, Tchécoslovaquie.
C' était un camp-ghetto de transit où étaient internés ceux qui étaient destinés à Auschwitz-Birkenau.
Entrée du camp de Terezin
Hanus y mourut en juillet l' année suivante à quatorze ans. Et pourquoi ? parce qu' il était juif. Peut-être y a t' il rencontré deux petites cousines que je n' ai, bien sûr, jamais pu connaitre, puisque mortes elles aussi au même endroit, à cinq ans et deux ans.
Pourquoi s' intéresser particulièrement à lui, alors que de si nombreux enfants sont morts assassinés par les Nazis dans les mêmes conditions !
Parce que Hanus a laissé un témoignage assez glaçant, qui n' a été retrouvé qu' en deux mille un par un Australien, grâce à une vieille dame, rescapée de Terezin, Zdenek Taussig, qui avait gardé un exemplaire d' une revue clandestine manuscrite : Vederem, tenue par les enfants de la baraque n° 1.
Dans cette revue, il y avait une pièce pour marionnettes, sortie tout droit de l' imagination de Hanus :
Elle raconte l' histoire d' un roi, Analphabète 1er, qui veut absolument que tout le monde pense comme lui. Pour épouvanter ses sujets, il décide de créer un fantôme d' Etat.
Les Saucissons Brutaux, qui constituent sa garde rapprochée, arrêtent toutes les personnes de plus de soixante ans, afin de récupérer leurs ossements.
Les centres de ramassage se remplissent de vieillards du royaume, dont les os serviront à fabriquer le fantôme.
Honza, un gamin, livre son grand-père famélique pour le bien de la nation.
Et la mort ne fait plus peur.
L' Australien a monté la pièce dans son pays.
En deux mille neuf, une étudiante de l' Université de Strasbourg, Claire Audhuy, prépare une thèse sur les camps de concentration nazis. Elle contacte de nombreuses associations de déportés, des amicales d' anciens résistants......leur demandant s' ils avaient connaissance d' une pièce de théâtre écrite dans un camp. Sans obtenir la moindre réponse. Elle était découragée.
Et, un jour advint une sorte de miracle. Son téléphone sonna. C' était un appel venant de Prague. Une très vieille dame, rescapée elle aussi de Terezin, lui dit se souvenir d' avoir assisté à une pièce de théâtre, au camp, en mille neuf cent quarante trois.
Claire Audhuy partit pour la Tchéquie, à la recherche de cette pièce dans les Archives du Memorial de Terezin. Mais, elle ne trouva qu' une revue clandestine : Vederem. Elle pensa alors qu' elle s' était trompée; mais, en feuilletant la revue, elle trouva la pièce de Hanus Hachenburg.
Depuis l' année dernière, elle a mis en place un projet : présenter la pièce et son contexte historique aux élèves des écoles de Genève, en Suisse.
Montée avec des enfants de treize ou quatorze ans, cette pièce, remplie d' humour noir, comporte aussi beaucoup de références historiques. Si celles-ci étaient limpides pour les enfants du camp de mille neuf cent quarante trois, il n' en est pas de même pour les enfants actuels. En fait, cette pièce est pour eux assez perturbante, ils ne peuvent en percevoir le côté drôle.
Aujourd'hui, elle est publiée aux Editions Rodeo d' Âme.
Elle est préfacée par Georges Brady, rescapé de Terezin, camarade de déportation de Hanus Hachenburg.
(Sources : Le Figaro et le site KOI de 9 en Israël)