Inspirée par une amie blogueuse, je me suis lancée dans quelques rangements, et, retrouvant des photos et une carte postale envoyée à mes parents, j' ai permis aussi à un vieux souvenir de remonter à la surface de ma mémoire.
Nous étions en mille neuf cent soixante douze, (Oups !), dans un pays qui s' appelait encore Dahomey.
Trois ans plus tard, il devenait Bénin.
Nous étions partis de Niamey, capitale du Niger, dans une vieille " pijo ", avec Mamadou, qui nous avait été imposé par l' agence de location de la voiture, et un Français et son fils, dont nous avions fait la connaissance à l' hôtel.
Il y avait un trou dans le plancher, par lequel s' engouffrait la latérite, que la saison sèche avait transformée en poussière orangée. Il nous avait fallu des jours de douche et d' astiquage pour la désincruster de nos pores.
Cap au sud.
Nous allions vers le Parc du W, à cheval sur le Niger, le Burkina Faso alors Haute Volta, et le Dahomey.
Ce parc, à cent cinquante kilomètres de Niamey, nécessitait environ quatre heures de piste. La guimbarde brinquebalait vaillamment quand....nous crevâmes un pneu.
Mamadou prit le cric dans le coffre, et....... il ne s' adaptait pas, sa section était trop large. Qu' à cela ne tienne, plein de ressources, Mamadou attrapa un gros silex et.....se mit en devoir de limer le métal du cric.
Patience et longueur de temps.....Mais en Afrique, le temps ne compte pas....Et, nous avons fini par repartir.
Nous avons rencontré quelques marigots dans lesquels des crocodiles, qui semblaient endormis, se jetaient vite à l' eau, au cas où nous serions tombés dedans.
Puis, nous sommes arrivés au W. Nous y avons vu surtout des girafes. Nous en avions dérangé une, qui nous a toisés d' un air à la fois surpris et dédaigneux.
Nous logions dans un lodge assez sommaire, mais " c' est l' Afrique " pensions-nous avec philosophie, et " l' aventure, c' est l' aventure ".
Ensuite, nous sommes partis vers la réserve de la Pendjari.
Celle-ci est au Dahomey, et pour l' atteindre nous devions passer par la Haute Volta. A l' un des postes-frontières, le policier, un gros monsieur du coin, nous dit : " Ah ! Vous êtes de Bordeaux ! La rue Sainte Catherine, le grand théâtre ! J' y ai fait mon service militaire ". C' est vrai qu' avant mille neuf cent soixante, le pays était colonie française.
A la réserve de la Pendjari, se trouvait un hôtel sympa. La réception était dans une grande case ronde. Là, je vois un homme blanc, en treillis militaire, l' air d' un baroudeur qui me disait vaguement quelque chose. Il s' avança vers moi et me dit : " Je vous ai vue l' année dernière dans le sud-tunisien, vous aviez un coupé rouge ". (Zut ! c' est le coupé qui l' avait frappé ?). C' était vrai. J' étais quand même un peu sidérée.
Nous avons vu des léopards, des éléphants, des gazelles.....
Puis, nous sommes allés voir la cascade de Tanougou. Elle était dans les monts Atakora, un peu plus au sud, pas loin, car il nous fut déconseillé de nous éloigner davantage, la contrée n' était pas très sûre, car.......il y avait encore une tribu anthropophage au-delà des montagnes. Alors, pour une fois, nous avons obéi, nous n' avions aucune envie de nous retrouver en train de cuire dans un chaudron.
Mais la cascade valait la peine et le petit bain aussi.
Nous aurions bien aimé aller voir le village lacustre de Ganvié, mais c' était trop loin, vers Cotonou, et, il fallait rentrer à Niamey. Il y en avait une carte postale à l' hôtel que j' avais envoyée à mes parents.
Son origine remonterait au XVIIIème siècle. Les populations seraient venues se réfugier au milieu de ce lac Nokoué, pour échapper aux multiples razzias musulmanes qui venaient chercher des esclaves jusque dans ces profondeurs de l' Afrique.
On surnomme ce village " la Venise africaine ". Il a été proposé à l' inscription au patrimoine mondial de l' UNESCO en mille neuf cent quatre vingt seize.