Le chevalier Stanislas de Boufflers, était un gentilhomme lorrain fils du marquis Louis François de Remiencourt, et dont la mère, Marie-Françoise de Bauvau-Craon, était la maîtresse attitrée de Stanislas Lecszinski, roi de Lorraine. Celui-ci fut le parrain du chevalier.
Ses parents le destinèrent à l' Eglise, et il passa deux ans au séminaire de Saint Sulpice.
C' est là qu' il écrivit sa première oeuvre littéraire, celle que l' on n' attendait pas en ce lieu, un conte licencieux : Aline, reine de Golconde. Celui-ci obtint un grand succès, et, c' est peut-être à cette occasion, que le jeune Stanislas prit conscience du fait que la vie ecclésiastique n' était sans doute pas pour lui.
Il quitta donc le séminaire.
Afin de conserver la jouissance des quarante mille livres que lui avait léguées son parrain, il se fit........chevalier de Malte, et entra dans l'armée.
Devenu colonel de hussards, il s' illustra sur les champs de bataille, et parvint même au grade de maréchal de camp après la bataille de Hanovre. Il obtint un régiment, mais.........une " espièglerie " de sa part le lui fit perdre promptement.
Que se passa t-il ?
La princesse Christine de Lorraine devint abbesse de l' Abbaye bénédictine de Remiremont.
Notre fringant chevalier y fut envoyé pour la féliciter, mais il fut reçu avec tant de hauteur et de froideur, qu' il décida de se venger. Pour cela, il publia une chanson la traitant de " princesse boursouflée ". Celle-ci, n' apprécia pas et, s' en plaignit à son frère, le comte de Lusace, lequel se plaignant à son tour fit encourir au pauvre chevalier une disgrâce complète, et............il fut déporté au Sénégal, avec, cependant, le titre de Gouverneur du Sénégal et de la colonie de Gorée.
Là, grâce à une administration avisée et humaine, il fit oublier son étourderie et retrouva son titre de maréchal de camp. Il quitta le Sénégal fort regretté de la population.
Il s' y était quand même livré, sans doute encore par espièglerie, à la contrebande d' or et de gomme arabique avec les Signares, jeunes femmes métisses qui avaient noué des liens très étroits avec les premiers Français venus s' installer dans le pays.
Cette activité lui permit, une fois rentré en France, de rembourser toutes ses dettes. En fait, cette contrebande était donc très morale !!!
Ayant retrouvé toute sa respectabilité, il fut élu à l' Académie Française en mille sept cent quatre vingt huit. En mille sept cent quatre vingt neuf, il fut député de la noblesse aux Etats Généraux. Ce n' était peut-être pas une bonne idée à ce moment-là.
Alors, en mille sept cent quatre vingt douze, il s' enfuit en Prusse polonaise, où il épousa Eléonore de Sabran, autre fugitive.
Aprés le dix huit Brumaire, il se rallia à Napoléon Bonaparte.
Courtisan de la princesse Elisa Bonaparte,
Portrait par Marie-Guillemine Benoist
il chanta aussi les louanges du roi Jérôme. Il se fit nommer bibliothécaire-adjoint de la Bibliothèque Mazarine, reprit son siège à l' Académie Française, et les salons de l' Empire ouvrirent leur porte à ce vieillard empâté et peu soigné, mais qui avait gardé l' esprit du fringant chevalier de jadis, s' il en avait perdu la prestance.
Il avait connu moult galants succès, mais aussi leur corollaire : les infidélités.
Un jour, pour se venger de l' inconstance d' une belle marquise, il tourna avec esprit, une épigramme féroce à son encontre.
Celle-ci parvint aux oreilles de la marquise. Elle lui écrivit pour demander pardon, le supplier de stopper la circulation de cette épigramme, et le convier à venir le soir même pour une réconciliation sincère.
Le chevalier se rendit à l' invitation, mais.......... malin et fin connaisseur de l' âme féminine............il se méfia et emporta deux pistolets.
A peine avaient-ils commencé à s' expliquer, que quatre énergumènes arrivèrent, l' empoignèrent, le déshabillèrent complètement, et, lui administrèrent cinquante coups de verges chacun, sous le commandement de la belle marquise. Aprés quoi, il se releva, se rhabilla avec dignité, et ...........pointa ses pistolets sur les énergumènes qui perdirent de leur superbe.
" A chacun son tour " dit le chevalier, et sous la menace des armes,les quatre spadassins corrigèrent la marquise en pleurs.
" Adieu Madame, dit le chevalier quand la marquise se releva, vous pouvez publier cette aventure, je serai le premier à en rire ", et il partit.
La belle lui courut aprés, se jeta à ses pieds se tordant les mains de désespoir, le conjura de tenir l' affaire secrète.
Elle le convia à diner avec elle le soir même. Il accepta, et il se dit que la soirée se termina fort joyeusement.
Ah ! Il était malin, Monsieur le chevalier de Boufflers !