Cela faisait maintenant plusieurs siècles qu' il était perdu au fin fond d' un désert, enfermé dans cette lampe. Il ne voyait pas le paysage qui l' entourait, mais en sentait le souffle brûlant qui s' insinuait dans la lampe.
Il se souvenait avec nostalgie d' Aladin et Badroulboudour, la belle princesse dont Aladin était tombé amoureux, et qu' il avait pu épouser grâce à lui, le génie de la lampe merveilleuse.
Il était alors puissant et vénéré; Il était toujours prêt pour Aladin, son maître, à qui il suffisait de frotter la lampe dans laquelle il vivait pour qu' il sorte aussitôt et l' aide de ses prodiges. C' était le bonheur !
Puis, un jour funeste arriva cet infâme Magicien Africain, maudit soit-il pour l' éternité, qui, profitant de la naïveté de la princesse, me vola et m' emmena très loin de la Chine où nous vivions, dans cette Afrique de feu qui me consume jour après jour.
Je détestais ce magicien qui ne m' utilisait que pour accomplir méfaits et méchancetés. Mais il était mon nouveau maître et je devais me soumettre.
Au pas chaloupé de son dromadaire, le Magicien Africain arpentait le grand désert.
Je ne goûtais un peu de bonheur que, lorsque faisant halte dans une fraîche oasis,
Des musiciens venaient égayer les soirées. Raïta et derboukas m' emportaient loin dans un rêve.
Je me considérais malgré tout comme le plus malheureux des génies. Et pourtant...........Preuve me fut donnée que le pire peut exister.
Dès avant l' aube, nous avions quitté Ghardaïa, l' ensorcelante capitale du M'zab. Le Magicien Africain avait décidé de rejoindre son pays, au-delà du Tanezrouft, le pays de la soif et de la peur.
Nous nous sommes arrêtés au dernier point d' eau. Nous n' y étions pas seuls, une caravane y faisait halte elle aussi.
Bizarrement, du fond du sac où m' avait mis le Magicien Africain, je sentais roder un danger. Pourtant, après avoir salué les caravaniers, nous sommes partis sans problème. Puis, tomba la nuit saharienne, glacée sous des étoiles étincelantes.
La lune ce soir-là rougeoyait un peu dans le ciel devenu d' un bleu profond.
Le Magicien Africain décida que l' heure était venue de bivouaquer.
Et c' est alors qu' ils fondirent sur nous. La caravane était en réalité un rezzou, ces bandes du désert qui détroussent les voyageurs imprudents et font des razzias dans les douars isolés.
Ils emmenèrent le Magicien Africain pour le vendre au marché aux esclaves, quand à moi, la lampe étant vieille et de mauvaise mine, ils la jetèrent dans le sable où je me morfonds depuis des siècles.
A suivre ...........