Il fut un temps, pas si lointain, où l'on exaltait ta grandeur, où l'on t'élevait et t'instruisait selon le modèle hérité des Hellènes : le Bien, le Beau, le Vrai et le Juste.
On essayait, avec plus ou moins de bonheur, de t'apprendre le courage, la dignité, le respect de soi et des autres.
On mettait à ton service des chiffres et des lettres, et on t'apprenait à les manipuler afin de rendre chacun compréhensible à l'autre.
Tu marchais face à l'avenir, tu vivais dans un monde imparfait certes, mais où tu savais mettre de la joie, de la convivialité, de l'insouciance parfois, nécessaire soupape. Où tu savais combattre l'adversité, sous quelque forme qu'elle s'exprime ou se manifeste.
Tu fus, disait-on, le peuple le plus spirituel de la Terre, un peuple de Gaulois réfractaires amoureux de la liberté.
Tu as affronté guerres, épidémies, catastrophes naturelles, sans jamais renoncer à te battre pour la victoire.
Tu respectais les " Anciens ", ces passeurs d' histoires et d' Histoire.
Sur ton visage passaient les émotions qui font que l'Homme a vaincu son animalité.
* Et maintenant ?
Tu marches dos à l'avenir, visages anonymes dans des rues sans joie, le regard méfiant et souvent sans bienveillance pour ton frère devenu presque un ennemi, car potentiel danger pour ta santé.
Toute relation franche t'est désormais interdite, quitte à perdre complètement ton humanité si par malheur elle se pérennise et devient un modus vivendi habituel.
Tous les plaisirs de la vie te sont interdits, à peine te permet-on aujourd'hui, et encore pas toujours, le fameux et dérisoire " métro, boulot, dodo ".
Et tu courbes l'échine, tu rases les murs, tu vas même souvent au-delà de ce que l'on t'ordonne, et tu subis tout, sans broncher, même ce stupide et ignoble couvre-feu que l'on t'inflige indûment, et qui en ramène beaucoup dans ces années " 40 ", où c'était l'ennemi qui nous y obligeait.
* Et pourquoi ? Parce que tu as PEUR.
Cette peur qui anesthésie le cerveau, paralyse la pensée, empêche tout esprit critique et fait de toi un être soumis, si infantilisé que tu vas finir en couches culottes. Tu t'empêches de vivre par peur de mourir, oubliant que tu es mortel.
Alors me revient cette phrase de Benjamin Franklin :
* Un peuple prêt à sacrifier la liberté pour la sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux.
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