Les façons d' être de Victor, mon hurluberlu de chien, m' interpellent souvent. Il présente pas mal d' anomalies à mes yeux humains : le thé à cinq heures, le rituel de la madeleine, qu' il réclame à quatre heures piles, à croire qu' il a avalé une pendule.....Alors, j' ai décidé de m' inspirer de James Bond et d' espionner les animaux.
Cela m' a pris du temps, et pas mal de crapahutages, mais un jour ........ Bingo ! J' avais gagné le jackpot. J' ai découvert un lieu fantastique, un village où seuls les animaux avaient le droit d'y vivre. Et, à mon grand ébahissement, je me suis trouvée face à une société policée et organisée, copiée sur le modèle humain........à moins que ce ne soit le contraire.
Et comme je ne me déplace pas sans mon appareil photos quand je pars en exploration, voici ce que j' ai déniché :
* D' abord, un petit kiosque à musique où trois musiciens font un concert improvisé;
Entendant des voix joyeuses en passant devant une maison, bien sûr, je vais discrètement regarder par la fenêtre et, que vois-je ? Quatre convives incroyables assis autour d' une table copieusement garnie, et servis par une accorte jeune fille.
Deux d' entre eux sont engagés dans une discussion qui semble particulièrement animée, et qui parait indigner Messire Coq, debout derrière le crocodile.
La dame Bique a plutôt l' air de s' en amuser tandis que Messire Renard a des intérêts bien plus polissons. Un peu de tenue quand même !
Mais quelles sont ces vociférations et ces imprécations ? Vite, je cours vers leur source et là, que vois-je ? La maréchaussée en train de maîtriser une espèce de truand qui, ce me semble, a assassiné une pauvre dame Brebis.
Je subodore un drame familial en voyant un petit agneau qui ne semble pas comprendre ce que fait sa mère couchée par terre, tandis que le corbeau-greffier écrit le constat des faits.
Une scène beaucoup plus sympathique se déroule en bordure d' un parc : un peintre, sous l' oeil intéressé d' un chasseur de papillons, fixe pour l' éternité, une belle sous son ombrelle.
Je continue ma balade d' espionne, et voici un marchand des quatre saisons; une belle bourgeoise s' approche.
Elle se penche sur les légumes et, sans doute, discute les prix avec le marchand.
Mais que sont ces cris et ces braiments désespérés ? Ah vraiment, ce gros taureau exagère, il traite ce malheureux Aliboron d' une façon éhontée !
Et là, s' échappant de cette fenêtre, pourquoi ces cris de douleur ? Je glisse un oeil..........Quelle horreur ce dentiste ! J' ai du m' exclamer trop fort car, soudain, il se retourne et me voit. Je m' échappe en courant.
Je me dirige vers un bâtiment d' où sort un brouhaha fait de rires étouffés et de réprimandes. Je m' approche, c' est l' école.
Il y règne un joyeux désordre qui n' est pas sans éveiller en moi quelques vagues réminiscences.
Mais..mais... je rêve, j' y aperçois mon chien tenant un polichinelle......Voilà donc d' où il tient ses mauvaises manières !!!
Allons, il est temps de repartir sur la pointe des pieds avant de me faire repérer. En route, je vois un couple étrange, un boeuf avec une grenouille qui aspire avidement de l' air en pensant qu' elle va gonfler.
Me voilà arrivée près de la frontière; une maison avec une fenêtre ouverte; une voix s' en échappe, je regarde évidemment; Oh !Des humains ! Un vieux monsieur, sa pipe à la main, et une vieille dame en train de lire une histoire à deux petits enfants qui semblent subjugués.
Un doute me prend. Et si tous ces animaux s' étaient échappés d' un conte !!!!
( Ces animaux sont des automates. Devant chaque saynète il y a une pédale qui, actionnée avec le pied, anime chaque animal. On peut les voir dans un village médocain nommé Vertheuil. Il suffit de téléphoner à la Mairie - 0556733010 - et de prendre rendez-vous pour la visite. On est très bien reçu et vraiment on passe un charmant moment, et en plus, on peut visiter une magnifique abbaye, mais j' en avais déjà parlé ).