La Gironde est trompeuse. Tantôt ordonnée et même sophistiquée, avec ses vignes tirées au cordeau, tantôt livrée à la forêt, océan vert qui va défier l'autre, bleu, vert ou gris, qui va en murmurant lécher les dunes blondes, ou se jeter à l'assaut, en rugissant, écumant de colère.
Et puis, il y a une Gironde sauvage, de terre et d'eau mêlées, qui lui donne des airs d'ailleurs, domaine des oiseaux et d' animaux invisibles, mais dont on devine la présence à quelques frémissements d'herbe.
Les cygnes blancs s'y promènent, mini-vaisseaux majestueux glissant sans bruit dans ce monde du silence.
Nos pas sont étouffés par le sable, nous ne parlons pas, imprégnés de la sérénité de ce lieu hors du temps.
Nous sommes au matin du monde; l'eau et la terre se jouent l'un de l'autre, semblant ne pas vouloir se séparer, et les deux jouent avec le ciel.
D'insolites " cotonniers " en fleurs, créent par endroit une ambiance incongrue.
Il y a des sites secrets, des criques cachées sur lesquelles on arrive par hasard.
Ailleurs, c'est une fenêtre de verdure qui nous laisse entrevoir cet univers aquatique nourri par l'océan tout proche.
Et, plus loin, une baie toute rousse où s'ébattent, à l'abri du regard des chasseurs, une bande de canards sauvages.
Et, soudain, nous sommes ramenés brutalement à la civilisation; un petit port s'étale dans le chenal.
Le voyage à l'aube du monde est fini. La magie s'est éteinte et le génie est rentré dans sa lampe.........;Dommage.........Mais, nous reviendrons.